Publié le 3 juin 2010
Si j’étais Boris Vian (ou La Chanson bleue)
Francis Hébert
Diane Tell consacre tout un album aux standards de jazz adaptés en français par Boris Vian, un répertoire qu’elle vient nous présenter sur scène.
Diane Tell à propos de Boris Vian: « Je ne connais pas d’auteur vivant qui aurait pu faire un tel travail d’adaptation. Il connaissait très bien le jazz. »
photo: Gérard Rancinan
Si 1969 était l’année érotique par excellence pour Gainsbourg et Birkin, 2009, quant à elle, aura été celle de Boris Vian. Les projets se sont multipliés pour souligner le cinquantième anniversaire de sa mort: rééditions de ses livres, sortie d’un disque hommage. Diane Tell, un peu par hasard, a fait partie de la cohorte.
L’an dernier, elle lançait Docteur Boris & Mister Vian, une galette qui paraît ces jours-ci chez nous. Au téléphone depuis sa France d’adoption, elle en explique la genèse: « Je voulais faire un album de jazz en français. C’était l’idée de départ en 2007. J’ai cherché à gauche et à droite à quel répertoire je pourrais m’attaquer. Je n’ai pas trouvé beaucoup de choses qui existaient. Par chance, j’avais déjà dans mon répertoire Toi qui as pris mon coeur, une adaptation de Boris Vian. En 1958-59, il avait écrit des textes en français sur de grands standards américains. J’en ai trouvé plus d’une vingtaine, j’en ai choisi seize. J’ai eu un coup de foudre. J’ai eu envie d’être la première à les enregistrer, la plupart n’avaient pas fait l’objet d’un enregistrement. » La plus connue est peut-être Ma chansonnette, chantée par Henri Salvador.
Diane Tell louange « la beauté des textes sur des mélodies tellement jolies, tellement formidables. Le mariage des deux. Il y a aussi un aspect novateur: ces chansons n’avaient jamais été regroupées ainsi. J’aimais cet aspect d’inédit. Et la cohérence, également. C’était donc pour moi un projet indispensable, j’ai essayé de faire de mon mieux ». Aux autres interprètes, elle laisse les plus connues de Vian: Le Déserteur; Je bois; On n’est pas là pour se faire engueuler; etc. « Je ne connais pas d’auteur vivant qui aurait pu faire un tel travail d’adaptation. Il connaissait très bien le jazz. C’était un grand écrivain. Ses textes sont à la fois poétiques et simples. Ils sonnent bien. Ces adaptations sont très décalées par rapport à ce qu’on connaît de lui, mais peut-être plus près de ce qu’il aimait vraiment. J’ai l’impression que ces chansons ont peut-être été adaptées pour un projet d’album qui n’aurait pas vu le jour parce qu’il est mort trop tôt, en 1959, à 39 ans. »
À Montréal, Diane Tell va interpréter surtout le répertoire Boris Vian « plus deux chansons qui ne sont pas sur l’album! Je vais faire aussi quelques petites choses dans l’esprit jazz. Des surprises. Des choses que je n’ai jamais faites. Mes chansons habituelles, il y en aura, mais plutôt en rappel, comme une autre partie du spectacle ». On a surnommé le jazz « la note bleue », voici que nous parviennent quelques chansons bleues, au parfum vieillot ou intemporel, c’est selon l’auditeur. L’ambiance feutrée, un verre à la main, le piano qui s’égrène doucement, on s’y croirait déjà.
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