Sud-Ouest (Landes) – Le 2 mars 2010 – Photos’graphie !

Publié le 2 mars 2010

SUDOUEST.COM

Mardi 02 Mars 2010

EXPOSITION. À l’occasion de la Journée de la femme, la Franco-Canadienne dévoile ses oeuvres à la Galerie municipale. Des grands formats sont exposés sur le parvis de la mairie


Les photos’graphiques de la chanteuse Diane Tell

Au mois de septembre dernier, Valérie Boyer, députée UMP des Bouches-du-Rhône, avait émis l’idée d’une proposition de loi pour signaler les photos retouchées et mettre fin aux représentations stéréotypées de la femme.

Pied de nez mais véritable bonne idée, Diane Tell revendique au contraire ce droit à transformer ses photos dans une démarche artistique entamée en 1996 et présentée aujourd’hui à Dax : « Je trempe ma plume numérique dans des couleurs ou des textures et je colore ensuite mes clichés, affichés sur mon écran, en posant ce stylet sur une table graphique. »

L’artiste franco-canadienne – révélée au grand public par Michel Berger et Luc Plamendon, qui lui avaient offert en 1991 l’interprétation de « La Légende de Jimmy » – garde en revanche pour source la bonne vieille « péloche » qu’elle glisse dans son Leica. « Le processus du film apporte une distraction intéressante », confie-t-elle. « C’est un pacte entre numérique et argentique couplé contre nature aux forces attirantes ».

Des « pixous » pop art

Tout juste a-t-elle publié récemment sur son site Internet une série d’images extirpées de son iPhone. Une nouvelle étape dans cette passionnée de photographies depuis longtemps : « Mon père avait installé chez lui une chambre noire. Dès l’adolescence, j’avais du matériel. »

Le résultat ? Des images colorées dans des tonalités chaudes. « L’instrument de photographie capture une image, la technique la transforme », revendique-t-elle en présentant ses oeuvres qu’elle définit comme des « pixous », des images retravaillées à la palette graphique.

Des cadres non sans rappeler le style de certaines des oeuvres d’Andy Warhol, l’ambassadeur le plus médiatique du pop art. La thématique de la série notamment, absente de l’exposition accrochée aux cimaises de la Galerie municipale mais évoquée par Diane Tell : « J’ai travaillé sur les plaques d’égout au Japon. Chaque ville et chaque île de ce pays en possèdent d’originales. »

Retour d’Afrique

Ses premiers « pixous », Diane Tell les a réalisés un peu par hasard, au retour d’un voyage en Afrique où la chanteuse était partie aux commandes de son avion pour une mission de l’association Air solidarité. « Notre avion fut cambriolé quelques jours avant notre retour en France. Il me restait le contenu de quelques cartes mémoires de mon appareil numérique que j’ai redessiné en haute définition pour combler le manque de matière. »

De la matière, Diane Tel en possède aujourd’hui beaucoup. N’hésitant pas à remettre son nez dans ses vieux négatifs, à l’image de sa composition où se mêlent un portrait de Miles Davies – saisi dans les années 1970 lors d’un concert à Montréal – et un arrière-plan de foule tiré de plusieurs instantanés ramenés d’Afrique.

Une manière, aussi, de garder une trace de ses nombreux voyages à travers le monde. « Mes souvenirs sont plus flous quand je ne rapporte pas de photos. Je ne sais plus qui disait que la mine grise du crayon est un porte-mémoire plus important que la matière grise d’un cerveau. »

« Colorblind », à voir jusqu’au 13 mars à la Galerie d’art de la rue du Palais, du lundi au samedi, de 14 à 18 heures ; ouverture de 10 à 12 heures le samedi.

Auteur : Benjamin Ferret
b.ferret@sudouest.com
voir dans le contexte ici
Demain, sur France Bleu Gascogne, un après midi avec Diane Tell !