Publié le 11 avril 2011
Diane Tell a rendu hommage aux élèves et professeurs de l’école d’arts plastiques. – PHOTO DAVID LE DÉODIC
Dax – 11 avril 2011 06h00 | Par CHRISTINE LAMAISON
Refaire connaissance avec Diane Tell – L’auteur de « Si j’étais un homme » a achevé samedi une résidence qui la révèle comme une artiste multiple, voyageant sans cesse entre les images et les mots.
Elle garde toujours ce sourire immuable d’enfant ravi qui illumine de grands yeux ouverts sur le monde. Sur le monde qu’elle voit ou qu’elle imagine… Derrière… Au loin. Toute de noir vêtue, juchée sur de hauts talons, coiffée d’un drôle de galurin, Diane Tell flotte sur un petit nuage, lors de la petite réception qui marquait samedi, à l’Atrium, le vernissage de l’exposition des élèves de l’école d’arts. IIs sont une cinquantaine à avoir planché en ateliers d’arts plastiques ou d’infographie sur la pochette de son prochain album, « Rideaux ouverts » (lire ci-dessous).
La mosaïque d’œuvres exposées sur les baies vitrées de l’Atrium témoigne, sans autre forme de commentaire, de l’échange intense créé entre les étudiants et la chanteuse qui, entre autres talents, est aussi photographe inspirée. Compositions insolites, univers épurés, mélanges de photos noir et blanc et d’univers warholiens, la production surprend par sa diversité et sa qualité. Diane Tell en est émue aux larmes. Elle parle de s’en inspirer.
Diane Tell cite Gainsbourg : « Tout est dans le titre ! » L’album sur lequel elle travaille toujours et pour lequel les élèves de l’école d’arts plastiques ont imaginé une pochette, s’intitulera « Rideaux ouverts ». « Un disque sans une pochette, c’est comme un plat sans l’assiette », dit l’artiste.
Samedi soir, lors de son concert à Dax, elle a proposé deux des chansons qui figureront sur l’album. Histoire de faire entendre à ses fans que le temps a passé depuis « Si j’étais un homme » ou « La Légende de Jimmy ». Notamment avec le dernier spectacle qu’elle proposait samedi à Dax « Docteur Boris et Mister Vian », où l’on aime sa voix tellement faite aussi pour le jazz sur des textes originaux et inédits de l’auteur de « L’Écume des jours ».
Alors, que va nous réserver « Rideaux ouverts » ? Les élèves de l’école d’arts, de Dax, eux, savent. « C’est son regard sur le monde quand elle ouvre la fenêtre. C’est difficile à expliquer. Il y a beaucoup d’images. Ce n’est peut-être pas le monde tel qu’on le voit nous, ce qu’elle voit elle. Il faut regarder ses photos. » Dont acte.
Coline, 14 ans ; Cyann, 15 ans, Martin, Estelle, Julien, tous élèves à l’école d’arts, ne connaissaient pas la chanteuse. Ou bien alors « par leurs parents ». Oui le temps a passé. Il n’empêche qu’ils restent sous le charme. « Elle nous a remis les textes de ses chansons, nous a donné beaucoup d’images de photos. Elle a joué pour nous », racontent les jeunes gens pour expliquer la façon dont ils ont travaillé. Sinon, le thème de son album, c’était plutôt large : l’amour, la mer… C’était important de la rencontrer, de l’entendre parler de la photo, du fait qu’elle préférait travailler en argentique… D’avoir comme ça un patchwork d’images et de mots… »
Un exercice de travaux pratiques qui sort de l’ordinaire pour ces jeunes artistes qui avaient tous réservé leur place pour le concert du soir à l’Atrium. Car Diane Tell, en résidence à Dax, a non seulement travaillé autour des arts plastiques, mais aussi de la musique avec l’ensemble orchestral du conservatoire, dirigé par Vincent Caup pour proposer samedi un concert exceptionnel. Pour ne pas dire unique.
Concert unique
« Si j’étais un homme », « La Légende de Jimmy », « Faire à nouveau connaissance » et quelques inédits. Avec un ensemble orchestral, cela vous donne des frissons dans le dos. Diane Tell avouait avant le concert : « J’espère que je vais pouvoir retenir mes larmes jusqu’au bout. » « C’est une très grande dame qui sait se mettre à la portée de chacun et qui a été étonnée par la qualité et l’adaptabilité de l’orchestre », commente Vincent Caup. « Et c’est une grande artiste. Il ne faut pas oublier qu’elle est violoniste, guitariste. »
Cette double résidence de la plus Biarrotte des chanteuses québécoises est née d’une rencontre il y a un an et demi.
Stéphane Mauclair, adjoint à la culture, l’a rappelée lors du vernissage samedi soir. Diane Tell avait exposé ses photographies dans le cadre de la Journée de la femme. Et comme parfois dans les rencontres, opère une subtile alchimie qui fait dire que l’on se reverra sûrement. La promesse n’est pas restée en l’air. Avec la complicité de Dominique Sedes-Lopes, responsable de l’école d’arts plastiques, germait ce double projet musical et graphique, autour notamment du visuel de la pochette.
« Dans cet univers dématérialisé de la musique désormais, où l’on télécharge des fichiers, c’était bien pour nous de se dire que, dans un album, il y avait un contenu mais aussi un contenant. » Et Stéphane Mauclair de se souvenir avec un brin de nostalgie d’une époque où l’on décortiquait la pochette d’un disque pour décrypter la note illisible, savoir où il avait été enregistré. Pour nous, c’est extrêmement flatteur d’avoir pu, dans une petite ville comme Dax, concrétiser ce travail avec une artiste telle que Diane Tell. »
« Il n’y a pas de petite ville, il n’y a que de grands projets, assurait la chanteuse ravie de tant de compliments, mais aussi du travail accompli. Et sans doute de sa reconnaissance en tant qu’artiste multiple. « À 14 ans, j’avais mon premier labo photos et je n’ai cessé de faire des allers-retours entre ces deux mondes des mots et de l’image. Et je vous remercie infiniment de m’avoir apporté le soutien et la liberté. »
Dax · Landes
voir dans le contexte ici
à revoir les posts autour de la résidence :
article du sud ouest « Des tubes et des images toute une semaine à Dax »,