Publié le 20 octobre 2009
Diane Tell biberonne du jazz depuis sa plus tendre enfance ! Loin de moi l’idée de me lancer dans la presse trash people à scandale, de transformer Sucrepop en diffuseur de ragots de bas étages, mais il faut bien appeler un chat un chat, et puisque elle s’avance à visage découvert, je rend compte.
Certes, elle avait su, jusqu’alors, masquer ses turpitudes derrière d’accortes mélodies, mais quelques indices laissaient déjà planer le doute, elle s’était engagée sur un drôle de chemin.
La présence d’Uzeb déjà, lors de ses premiers pas discographiques, n’était pas innocente et avait mis la puce à l’oreille de notre service. Ensuite, les harmonies de ses chansons, composées par elle, nettement plus complexes que celles de ces petits camarades de jeux, même planquées derrière l’étiquette officielle « tubes de variété », les orchestrations chiadées comme ce n’est pas permis et un travail sur le son hors-norme, bref une foultitudes d’éléments éparts mais concordants, qui dissimulaient mal son vice.
Et voici que, sans pudeur aucune, le 9 novembre, Diane Tell nous fait son coming out ! Un nouvel album, Docteur Boris et Mister Vian, un album ouvertement jazz, 100% jazz ! Qu’elle n’en signe ni paroles ni musiques n’est qu’une piètre excuse.
Les textes justement, parlons en ! Signés en totalité par Boris Vian – que nous pensions mort depuis 50 ans et qui refait surface, plus jeune que jamais, il ne perd rien pour attendre le salopard – ils sont pour la plupart inédits, et sont des traductions/adaptations de titres américains. Ce Boris de triste réputation était largement connu pour se vautrer dans le jazz d’outre atlantique avec délectation, qu’elle s’acoquine avec lui n’est qu’une preuve de plus à son encontre.
Côté musique, elle a entraîné dans sa déchéance Laurent de Wilde et sa fine équipe, que nous avions pourtant à l’œil. La part de responsabilité de ce Laurent ne peut être minimisée dans ce forfait, et je doute qu’il bénéficie de circonstances atténuantes. En effet, une simple écoute, même superficielle, nous permet de relever des solos de piano, des rythmes ternaires, de la contrebasse, je m’arrête là car des enfants pourraient me lire. Bref tout un arsenal subversif de chansons d’amour , de chansons d’humour, contre lequel la BRNS (Brigade de Respect des Normes Staracadémiciennes) lutte au quotidien.
Je rappelle les valeurs que la BRNS défend, 4 accords maximums par chansons, un quota de 40 mots en moyenne, aucun avec plus de deux syllabes, un rythme binaire clairement identifiable et pour les filles, un 95C minimum. La contrevenante s’affranchit de toutes ces règles (quoique pour la dernière, je ne me prononce pas, faute d’éléments) pour n’en faire qu’à sa tête, se plongeant visiblement (et audiblement) avec délices dans cette musique. Du guilleret La chansonnette que je vous déconseille vivement d’écouter car elle provoque une accoutumance rapide, à l’émouvant J’en ai marre de l’amour, les 11 titres composant ce qu’il faut bien, malgré tout, appeler un disque, dégoulinent, que dis-je suintent le jazz, l’amour du jazz. Pire, Diane Tell annonce fièrement l’éventualité d’un volume 2 dans un avenir proche.
Bon, si vous aimez Diane, vous aimerez, elle y chante, toujours aussi divinement, direction le camp de redressement.
Si vous aimez le jazz, vous aimerez aussi, puisque cet album en déborde, direction le camp de rééducation auditive.
Si vous appréciez Boris Vian, c’est l’occasion de découvrir quelques textes rares, vous finirez au mitard certes, mais content.
Si aucun de ces trois ne vous a séduit par le passé, vous ne serez de toutes façons pas arrivé jusqu’à ce point de cette chronique, donc on s’en tamponne grave le coquillard.
Nous savons de source sûre que la démoniaque Diane Tell et l’inquiétant docteur Boris dealent leur poison musical dans des officines ayant pignon sur web et qu’à l’aide d’une série de concerts à venir ils vont tenter de rallier à leur cause une jeunesse toujours avides de braver les interdits. N’ayez crainte, dormez tranquille, nous veillons.
PS : Ils ont embringué dans leur histoire, probablement sous la contrainte, un malheureux photographe, Gérard Rancinan, qu’ils ont forcé à faire la pochette et les photos du luxueux livret. Je vous l’ai dit, je vous ai prévenu, cette femme ne recule devant rien.
Premier article publié sur l’album par Sucrepop
Merci Phil !!!!