Publié le 5 avril 2010
Blanc sur rouge rien ne bouge.
Montréal, 1975. L’image originelle apparaît trait par trait dans le bassin révélateur de ma chambre noire toute de rouge éclairée. Le bleu de la nuit, du ciel ou des yeux de Michèle Morgan, c’est l’affaire du monde réel, des peintres et des hallucinations. Dans l’univers qui se développe autour de mon adolescence tout est lumière et nuances de gris. Naissance.
Rouge sur blanc, tout fout le camp.
Les tirages argentiques, la pellicule négative, le Kodachrome, la jeunesse innocente, l’odeur du papier, le parfum des livres, le crépitement des LP, le souffle analogique, le vingtième siècle… tout fout le camp. En 1997, dans le noir de mon « recording » studio, assise devant mes écrans cathodiques d’ordinateur (même eux ont disparus), je fais une pose sans musique et m’amuse à remixer mes photos N&B. Une explosion de couleurs met le feu aux archives. Renaissance.
Si la matière grise était rose, personne n’aurait plus d’idées noires.
Mais comment reproduire des couleurs aussi impressionnantes que non imprimables ? Avec quelle technique et quel support réaliser un objet tangible à partir d’un sujet virtuel ? Ce casse-tête, Jérôme Beluze l’a résolu brillamment. Les roses Jelly beans, les jaunes fluorescents de Mangas, les éclats de vert ne lui posent pas de problème. L’artiste illusionnée a trouvé son magicien. Reconnaissance.
Photo : D.T. Mendoza, Argentina, 2010