Publié le 13 mai 2009
Portrait – Vous, les femmes
Diane Tell, faire à nouveau connaissance…
Nous sommes quinze à table. Diane Tell est là. Universelle. On fredonne : “Moi, si j’étais un homme, je serais capitaine…” On ne connaît plus les paroles mais on n’ose pas lui dire. Elle a fait tellement de tubes depuis. Voilà une personne qui colle aux plus jolis souvenirs
Tout le monde parle. Rigole. Son mari fait le clown. Il est drôle. A faire mal aux côtes, raconte des anecdotes. Il est beau garçon aussi. C’est l’épicier de Biarritz, Pierre Arostéguy. Attention, pas n’importe quelle épicerie. “On y trouve tout, même un mari”, dit Diane en plaisantant. Elle dit de lui aussi qu’“il est plein d’amour. Il en a reçu suffisamment pour être calme, serein. Equilibré. Sensible aussi. Les artistes ont toujours un fond de mélancolie. Et avec lui, la vie est fun.”
Ah ! Une pincée d’accent canadien vient de percer avec ce mot “fun”. Mais c’est plutôt rare. Discrète, presque effacée, là et un peu ailleurs aussi. Douce et fonceuse. Elle parle de voyage. D’Afrique. Elle raconte ses raids pour Air Solidarité avec son coéquipier Gabriel Dartaguiette. Il lui a donné la foi. Elle a commencé à piloter à l’Aéro-Club basque de Biarritz. Elle a décroché à Biscarrosse (40) son brevet de pilote. C’est son billet pour l’Afrique et l’aide aux malheureux. Elle finance ses raids grâce à l’association Zeruko Txalupa. De Biarritz à Zanzibar. Elle est tenace et engagée. Courageuse quand même, ce petit gabarit !
La presse raconte qu’elle fait 1,55 m. Son apparence est fragile, comme un roseau, qui plie mais ne rompt pas. Elle a arrêté de voler quand le président de l’association s’est crashé en avion. Ils étaient quatre. Elle a repris la musique. Ted Marsaleix l’avait faite marraine de l’association. Il s’est abîmé en mer de Lybie. Plus d’Afrique non plus.
Désir d’ailleurs
Diane Tell aime le voyage. A 4 ans, déjà, elle a quitté son Canada pour Paris. Son père voulait y terminer ses études de chirurgie et sa mère de théologie. La voilà globe-trotteur avec des spécialistes du corps et de l’âme ! “C’est une année qui m’a marquée. Les enfants de moins de 5 ans n’avaient pas le droit de prendre l’avion. J’ai fait l’aller-retour en bateau ! Arrivée au Canada, j’avais gardé l’accent pointu français. J’étais donc chouchoutée par les profs. Mais rejetée par les copains qui pensaient que j’étais prétentieuse ! Je suis revenue à Paris à 20 ans. Tout le monde me tombait dessus. J’étais le plus jeune auteur-compositeur. J’avais gagné des prix devant les plus grands. J’avais besoin de calme.” En 1988, elle fuit Paris pour Biarritz. “C’était près de la frontière espagnole. Quand on est immigrée, on aime les frontières. Et puis, il y avait l’Atlantique. Canadien, on aime les grands espaces. Ça a pris du temps avant de trouver sa place, ses amis.” Depuis, Biarritz est sa plate-forme. Même si elle vient de passer sept mois à Paris pour interpréter sur la scène du Gymnase le rôle de Francesca Louis dans la comédie musicale “Je m’voyais déjà”. Le livret est signé Laurent Ruquier. Toutes les chansons sont du répertoire de Charles Aznavour. “J’étais très heureuse rue d’Assas. Je faisais 5 kilomètres à pied pour rejoindre le théâtre. La troupe était géniale. Les chansons très belles. On jouait sept fois par semaine, alors, ce sont mes amis du Pays basque qui venaient me voir. Et puis j’ai revu mes amis parisiens. Renoué avec les médias et avec mon public.” Depuis, elle enregistre un album de jazz où elle reprend des grands standards adaptés en français par Boris Vian. Que cela marche ou pas, Diane a déjà engrangé d’immenses succès. Du Félix du meilleur auteur-compositeur aux Midem Awards en passant par les Victoires de la musique, elle a tout raflé dans les années 80. Depuis trente ans, elle enchaîne les concerts à l’Olympia, aux FrancoFolies de Montréal, au Grand Théâtre de Québec. Certains trouvent ses paroles un peu simples ou populaires. *Elle écrit pourtant pour Boris Bergman, Maryse Wolinski, Françoise Hardy… Elle joue aussi avec Robbie McIntosh, ex-guitariste des Pretenders et du groupe de Paul McCartney Wings. Chapeau bas ! A la question “Etes-vous heureuse ?”, elle répond “Yes – Très !”
Marie-Laure Hubert-Nasser
- mai 2009
- Objectif Aquitaine Numéro 166
*correction d.t. : J’ai composé la musique de chansons dont les textes étaient des auteurs cités, n’ai pas écrit pour eux. Puis-je citer aussi l’excellent Yann Moix, la juste Maryse Wolinski, la merveilleuse Maryline Desbioles sans oublier l’oublié Jean Baptiste Quenin pour ce qui sont des poetes de ma vie et surtout Vian que je chante depuis un bout de temps !