Publié le 3 mai 2009
suite de MyMajorCompagny Part 1
« Grégoire, que l’on peut entendre partout sur les ondes, s’est (en une semaine) directement placé en deuxième position des meilleures ventes d’album, et premier sur les plateformes de téléchargement légal et en moins d’un an, Grégoire est disque de platine avec 240 000 albums vendus. » Une major l’a signé, c’est dans toutes les gazettes.
Ailleurs sur le site on peut lire :
« Les trois objectifs de MyMajor Compagny :
Faire découvrir aux internautes une musique de qualité. MyMajorCompany veut réunir le meilleur des artistes non-signés et permettre au public de profiter de leur travail. »
Génial !
« Accorder une place beaucoup plus importante à la rémunération des artistes. Dans des contrats classiques, un artiste en développement voit sa rémunération osciller entre 10% et 15% de chaque vente. Notre modèle économique offre aux artistes une rémunération de 20% sur le revenu des ventes physiques et numériques ! »
Parlons contrat 3 minutes…. Prenons le cas précis d’un album en licence. Une maison de disques classique propose aujourd’hui aux producteurs indépendants des taux de rémunération qui avoisinent les 20% (avec plus ou moins d’abattements) du PGHT d’un CD et non 20% des recettes nettes. L’artiste est rémunéré sur la part du producteur et touche en moyenne la moitié du taux « producteur » dès le premier exemplaire vendu. C.a.d. l’artiste ne participe pas aux frais de production. En principe. (Chiffres cités à titre indicatif et pour exemple). Voilà « comment ça marche » traditionnellement et en schématisant. Dans le cas des ventes physiques, MyMajorCompagny signe un contrat de licence avec une major comme le ferait n’importe quel producteur indépendant, à des taux peut-être supérieurs à ce qu’aurait obtenu un petit acteur, 24-25% du prix de gros par exemple, puis reverse la moitié des recettes aux artistes producteurs. Faites le compte. MyMajorCompagny devient un intermédiaire prenant 50% au passage du taux négocié à 24%. Pour les ventes physiques, le deal ne semble pas si avantageux.
Pour les ventes numériques, un producteur peut obtenir assez facilement d’une maison de disques traditionnelle un partage 50/50 des recettes en provenance du marché numérique (entre le producteur/artiste et le label). MyMajorCompany propose elle aussi de verser 50% des recettes mais avec un partage différent : 30% aux internautes producteurs et 20% aux artistes. L’idée suggérée par le site que ce modèle permet une meilleure rémunération des artistes et des producteurs me semble ébranlée par ma petite démonstration. Désolée les gars. Mais restons penché du côté positif du modèle et des avantages qu’il présente.
« Impliquer les consommateurs dans la sélection et dans la réussite des artistes. Dans MyMajorCompany, les internautes deviennent Producteurs. En décidant de miser sur leurs artistes favoris, ils sélectionnent ceux qui verront leurs albums produits, distribués et médiatisés. Ils participent en plus aux décisions stratégiques de leur développement et gagnent de l’argent sur les ventes des artistes qu’ils soutiennent. »
Les votes payants existent depuis longtemps à la télévision et sur le world wide web. Les votes payants qui peuvent rapporter de l’argent se font plus rares même sur le net. Voilà pourquoi on parle ici de mise et non de vote. Vous misez sur le succès d’un artiste comme vous le feriez sur la réussite d’un cheval au tiercé. Miser 10€ sur un artiste ne vous fera pas gagner de quoi acheter deux CD même si vous avez parié sur Grégoire. Dans ce cas précis, en principe vous avez triplé votre mise au minimum à vue de nez.
« A ce jour ils ont levé 850 000 euros auprès des internautes (pas mal) » Selon les gazettes et 36032 producteurs sont inscrits d’après le site. 13 artistes ont été produits à ce jour. 13 fois 70 000 € de budget annoncé font 910 000 € de frais de production au total. Bon ça s’équilibre à peu près entre les dépenses et l’apport des producteurs « miseurs ». Ah oui, il faut ajouter à ces sommes les recettes des ventes commerciales physiques et numériques, les recettes publicitaires du site, les accords généraux avec les majors et autres partenaires, les droits secondaires, dérivés, voisins…
Les 3 tops producteurs cités sur le site représentent à eux trois environ 44 000 € de mises. Suit une longue liste de producteurs qui ont investi entre 1000€ et 5000€. En bout de course, les petits petits producteurs… Impossible de connaître le nombre d’artistes inscrits. Les 13 signatures sont mises en avant sur le site, les autres artistes semblent plus difficilement accessibles.
Bon. J’ai compris le modèle. Je vais tenter de m’inscrire en tant qu’artiste.
à suivre…
D.T.
03/05/2009