Publié le 5 février 2010
Vous avez peut-être lu ce papier dans un précédent post avant sa publication, en voici la version finale publiée sur le site Les Dernière nouvelles du Jazz. Et c’est signé : Bruno Pfeiffer. A lire aussi, son papier sur Libération.fr.
Diane Tell ne s’était jamais hissée dans le Panthéon de la grande chanson canadienne. Celui où Robert Charlebois, Gilles Vigneault, Félix Leclerc nous retournent le coeur et l’esprit. La variété a braqué la jolie Québécoise à la sortie de l’avion, dès son arrivée en France, dans les années 80. Les tubes ont défilé (« Si c’est un homme »), et donc la figuration dans les émissions à la « fissure-moi-le-cerveau ». Pas de quoi regonfler un QI ! Jusque là… Car avec son dernier CD, « Dr Boris et Mister Vian », les présentateurs vont devoir réviser les fiches. A la hausse. Diane Tell, qui habite dans le Sud-Ouest depuis pas mal d’années, a sauté plusieurs marches vers la qualité. Elle le doit à un goût personnel pour les chansons que Vian, qui excellait dans la partie, avait traduites de standards de comédies musicales. Le plus souvent commandées par des éditeurs de partitions, les interprétations restaient inédites. La vedette doit également le relèvement de niveau à un flair et une persévérance de renard. Comment expliquer autrement le choix du pianiste Laurent de Wilde pour arranger les pièces, et choisir un quartet impeccable? Qu’on en juge : Laurent Robin à la batterie; Darryl Hall à la contrebasse et Christian Brun à la guitare déroulent le groove, confortable comme un matelas d’hôtel cinq étoiles. Champagne compris! Diane Tell, un temps dans le même label, a saisi chaque opportunité de faire le siège de Laurent de Wilde. Il s’en amuse aujourd’hui, m’avouant franchement ceci : lorsque la chanteuse lui a servi sur un plateau les vingt chansons en s’accompagnant elle-même à la guitare, il a failli tomber de la chaise. Il s’émerveille : « j’avais le disque plié devant moi. Nickel. Nous avons enregistré les vingt chansons en une fois dans mon home-studio. Je me suis inspiré d’un album de Sarah Vaughan pour les arrangements ». Résultat : quatorze féeries intelligentes. Dont cinq perles; « Rue de la Flemme »(Easy Street); « J’en ai marre de l ‘amour » (I’m through with Love); « Toi qui a pris mon coeur » (My One and Only Love); « Voyage au Paradis » (Get Happy); « Lui toi et moi » (This Song is You). Un régal. La formation tournera en France à partir du printemps. Elle envisage les festivals d’été, et même un second CD devant l’accueil de celui-ci. A ranger dans la pile des albums qui feront aimer le Jazz aux néophytes. L’année du cinquantenaire de la mort du virtuose de la langue s’achève en beauté sur ce projet.
Bruno Pfeiffer