Publié le 31 mai 2009
Musée des lettres et manuscrits
Jeudi dernier, j’ai eu la chance d’être invitée au vernissage de l’exposition « Saint-Germain-des-Prés : L’écume des années Vian » (du 29 mai au 28 octobre 2009) au Musée des lettres et manuscrits dans le 6ème arrondissement de Paris, à deux pas du lieu où se trouvait le fameux bar » Le Tabou »dans les années 50… Non seulement j’ai pu y voir de près des manuscrits de Vian, Sartre, Beauvoir, Prévert, Queneau et de quelques autres célèbres artistes germanopratins mais j’ai aussi fait d’heureuses rencontres – Un chercheur québécois spécialiste de St Germain des Prés, le Docteur Eric Dussault – Nicole Bertold directrice du Fond’Action Boris Vian qui me donne un sacré coup de pouce depuis des mois – et Michelle Vian, femme de lettres et première épouse de Boris Vian…
L’image n’est pas d’une grande qualité, je ne voulais pas éblouir Madame Vian avec un vilain flash, mais la chaleur de son étreinte, son sourire, mon air médusée de petite fille tombée des nuages, tout y est ! Non ? Nous avons pu parler un bon moment et j’espère infiniment la revoir en juin. Il se trouve qu’à Paris nous sommes voisines dans le quartier de Montparnasse…
Jean Paul Sartre, Simone de Beauvoir, Boris Vian et Michelle Léglise (épouse Vian) au café Procope à Paris – photo : Yves Manciet vers 1950
La voilà belle comme tout entourée de Boris Vian, Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir probablement dans les années 40. Lisez ceci….
Boris et Michelle Vian par Michel Rybalka
Il est assez remarquable que Sartre et Beauvoir aient été parmi les premiers à reconnaître le talent littéraire de Boris Vian (qui est devenu, après sa mort prématurée, en 1959, l’un des écrivains les plus lus et les plus appréciés de la jeunesse) et que Sartre se soit lié pendant de longues années sur un plan personnel avec Michelle Vian. Boris se passionne pour Sartre avant de le rencontrer, au début de 1946, et de devenir le prince de Saint-Germain-des-Prés, grâce au jazz, à sa personnalité originale et brillante et à une œuvre à la fois iconoclaste et branchée sur les nouvelles formes de culture. Son compte rendu burlesque de la conférence de Sartre « L’existentialisme est-il un humanisme ? » et sa mise en scène de Jean-Sol Partre et de la duchesse de Bovouard dans L’Écume des jours (1947) sont inoubliables. J’irai cracher sur vos tombes, qu’il publie sous le pseudonyme de Vernon Sullivan, est le best-seller de l’année 1947, tout en lui donnant une mauvaise réputation. Il collabore aux Temps modernes en y assurant la « Chronique du Menteur », en y introduisant la science-fiction et en y publiant plusieurs traductions. Durant cette période, Vian fournit un contrepoint burlesque à l’idéologie dominante qu’était alors l’existentialisme. Il ne s’entend guère avec Merleau-Ponty, qui dirige alors la revue. Après sa séparation d’avec sa femme Michelle, ses rapports avec le groupe Sartre se font rares et il se consacre à la Pataphysique et à une œuvre aux multiples facettes, qui reste d’une étonnante actualité.
Michelle, égérie de Saint-Germain-des-Prés
Michelle Vian, née Léglise en 1920, la même année que Boris, épouse celui-ci en 1941 et devient l’une des égéries de Saint-Germain-des-Prés. Vian lui dédie L’Écume des jours. Après leur séparation, elle devient la maîtresse de Sartre en 1949 et elle occupe une place privilégiée auprès de lui jusqu’à sa mort, en 1980, avec une coupure entre 1958 et 1961. D’une personnalité à la fois attachante et intransigeante, ne se préférant pas, elle fait de nombreux voyages avec lui et elle joue un rôle essentiel après Mai 1968. Sartre lui confie un bon nombre de manuscrits. Grande lectrice, elle a fait beaucoup de traductions de l’anglais et elle a écrit des articles sur le cinéma. En 1985, elle a cédé son important fonds de manuscrits à la Bibliothèque nationale ; sa bibliothèque a été dispersée en 2002. Elle vit actuellement auprès de son fils Patrick dans le Midi.
Je ne peux vous raconter notre conversation, qu’il reste entre elle et moi quelque chose de pure et de personnel. Je n’ai qu’une hâte, la revoir, l’entendre et chanter juste pour elle… du Vian évidemment !
Allez voir cette exposition, venez admirer des textes écrits de la main des auteurs de la grande époque St Germain, touchez du regard ces trésors de papier jauni… Ca vaut le clin d’oeil !