Publié le 16 octobre 2011
Diane Tell: retour aux racines
Geneviève Bouchard
Le Soleil
(Québec) Une chose est certaine : en musique, Diane Tell n’aime pas parler pour rien. Et elle n’aime pas se répéter non plus. Si c’est le jazz qui l’amène en spectacle à Québec à la fin du mois, elle emmènera un peu de folk dans ses valises, signe d’un virage qu’elle proposera le mois prochain avec un nouvel album 100 % québécois, Rideaux ouverts.
Invitée par le Festival de jazz de Québec, la plus québécoise des Européennes (ou est-ce le contraire?) montera sur la scène du Cabaret du Capitole le 27 octobre avec cinq musiciens. Les airs jazz de son dernier album, Docteur Boris & Mister Vian, seront bien à l’honneur, mais la chanteuse en profitera également pour faire un survol de sa carrière et pour ouvrir la fenêtre – et les rideaux! – sur la suite des choses. Un spectacle exclusif au public de Québec, tient-elle à préciser.
«On va faire du Boris Vian, on va faire des grands hits, on va faire de nouvelles chansons, résume-t-elle. On va aussi faire des pièces que je fais moins souvent en spectacle, comme La falaise, par exemple. Ce sont des demandes des musiciens. Ils me disent : « Faut que tu fasses ça, j’ai tellement envie de le jouer. »»
C’est le cas d’un classique qui a particulièrement ravi le batteur Louis Gagné… «L’autre jour, il m’a dit : « Je suis tellement content de faire Si j’étais un homme avec l’originale. J’ai dû la jouer 500 fois avec d’autres chanteuses! » raconte Diane Tell. C’est vraiment agréable pour moi parce qu’en répétition, les musiciens sont excités.»
«On enregistre!»
Diane Tell assure qu’elle n’a pas de plan de carrière et qu’elle n’enregistre pas d’album si elle n’a rien de pertinent à dire. «Il y a tellement de choses qui sortent. Tellement de disques, de livres, de films, observe-t-elle. Les métiers de la culture sont très perturbés par le numérique, l’informatique, Internet. Les gens ont une nouvelle façon de consommer la culture. Plus il y a de choses qui se créent, plus on a l’impression que ça va mal. Ça devient un monde fragile. On n’a pas envie de rajouter à ça des choses inutiles.»
Les deux dernières années lui ont donné le goût de prendre la parole. La première occasion s’est présentée lorsqu’elle a découvert un trésor : une collection de chansons inédites de Boris Vian. «Je n’aurais pas fait un album de jazz si je n’avais pas trouvé ce répertoire-là, caché dans un tiroir, note-t-elle. Des textes et des musiques magnifiques écrites par un auteur extraordinaire et jamais enregistrées… Mon dieu! On enregistre!»
Vers la fin de la tournée de Docteur Boris & Mister Vian, Diane Tell est revenue dans son coin de pays pour participer à un concert célébrant le 75e anniversaire de Val-d’Or, la ville qui l’a vue grandir et où elle n’était pas retournée depuis plusieurs années. «Je suis née à Québec, mais la maison de mon enfance, c’est là-bas, explique-t-elle. Toutes mes racines ont pris là-bas. À Québec, je vivais dans un petit pot. On est partis quand j’avais trois ans.»
Dans ce retour émotif, la musicienne a trouvé l’inspiration pour son prochain projet : «J’ai lancé en l’air l’idée de faire un album au Québec, pour la première fois depuis que j’habite en Europe. Pas juste en studio au Québec, mais écrit et composé au Québec, avec des gens d’ici.»
La rencontre de Serge Fortin a précipité les choses. Une collaboration sur une chanson a fait boule de neige, une fois Diane Tell rentrée en Europe. Les courriels se sont multipliés, tout comme les échanges de musiques et de textes. «On a joué au tennis comme ça, au-dessus de l’océan, rigole la chanteuse. On était tellement inspirés! Ç’a été tellement rapide! On a commencé à écrire en septembre et au début novembre, j’étais ici pour les maquettes. Ça n’a pas de bon sens, on en faisait une par semaine!»
Le pianiste Benoit Sarrazin et l’auteur Alain Dessureault ont aussi contribué à ce qui allait devenir Rideaux ouverts, un album concept qui explore diverses phases d’une histoire d’amour sur des airs teintés de folk et même de country.
«J’ai toujours eu une petite couleur jazz dans mes albums, même dans les albums plus pop que j’ai faits en Europe, analyse la chanteuse. Il y a toujours eu des harmonies, dans une chanson ou une autre, qui étaient un peu plus jazz. Je suis contente d’avoir fait un album plus folk, plus nord-américain. On sent la couleur.»
Rideaux ouverts arrivera officiellement sur les tablettes le 15 novembre, mais les spectateurs réunis au Cabaret du Capitole le 27 octobre pourront se procurer un exemplaire : une série limitée de 1000 albums numérotés et signés ont été produits en vue du Festival de jazz, d’un concert à Toronto et d’un lancement à Val-d’Or le 3 novembre. Quant aux Français, ils devront attendre au début 2012 pour mettre la main dessus. «Je voulais absolument qu’il sorte au Québec avant!» se réjouit Diane Tell.
Vous voulez y aller?
QUI : Diane Tell
QUAND : le 27 octobre à 20h
OÙ : Cabaret du Capitole
BILLETS : 39 $
TÉL. : 418 694-4444
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