Moi si j’étais une femme… je chanterai du Boris Vian comme Diane Tell le fait. Oui je dis ça, mais je sais bien aussi, que les risques de me voir ou de m’entendre chanter sont assez faibles. Je ne vous demande pas de me dire merci, mais vous devriez y songer, mon silence vaut vraiment de l’or. Je chante super faux, alors que Diane Tell non.

Diane Tell… je sens que Sam va adorer… Pour les plus jeunes de nos lecteurs, Diane Tell était très en vogue en un temps où vous n’étiez pas de ce monde et c’est par simple correction que je ne développerai pas sur le sujet. Quant à Sam, c’est le gars qui écrit la rubrique « Suck my deck » et qui, quand il est poli, vous dis d’un artiste qu’il n’apporte rien à l’histoire de la musique et qui quand il est moins poli, dis un truc beaucoup plus imagé et vachement moins amène.

Diane Tell donc, qui pouvait couler des jours tranquilles, ce que Sam lui eut conseillé de faire, s’est mise en tête de chanter une partie méconnue du répertoire de Boris Vian. Quand on sait que ce dernier a commis plus de 500 chansons… Je doute que sorti des grands classiques (Le déserteur, La java des bombes atomiques, Johnny fais moi mal…), vous ayez eu la chance d’entendre ses titres moins connus.

Boris Vian, je vous épargne les présentations et vous renvoie aux deux papiers déjà écrits à son sujet, était écrivain, musicien, auteur de polars et de théâtre. Et si, effectivement ce qu’il a composé n’est plus de notre temps, n’est ni contemporain, ni vendeur… C’est donc, à priori, plutôt inutile… Et là, nous revoilà, pile, poile, dans la ligne éditoriale de votre journal.

Donc cet album était une très bonne idée, sur le papier c’était déjà très séduisant. Et il n’y a pas de surprise, la musique jazz, les textes et une interprète inspirée… Le disque de madame Tell est une pépite, un très joli moment de musique, un bien inutile par opposition à un mal nécessaire, pour quelques petites choses qui font quand même bien plaisir. Si vous ne compreniez pas les paroles des chansons de Vian (ce qui serait étonnant), la combinaison de Jazz tonique et de la voix de Diane Tell, en elle-même vaudrait déjà l’investissement. Détaillons ce futur cadeau de Noël que vous ferez à moindre coût et qui vous fera passer pour tout sauf un âne.

Il y a quelques mois ou années, je ne sais plus, j’affirmais dans ces colonnes que la meilleure interprète de Vian était Magali Noël, je ne prenais pas grand risque, avant moi, Marcel Aymé l’avait affirmé en 1964, date de la sortie d’un album exceptionnel simplement intitulé « Magali Noël chante Boris Vian ». Et entre la gouaille parigote de Magali Noël et les accents graves et québécois de Diane Tell, il n’y a pas de comparaison possible. Je vous l’annonce, soyez forts, ce n’est pas pareil du tout. Mais c’est bon, qu’est ce que c’est bon, c’estde la musique qui rend intelligent, c’est pas mal, non ?

Pour revenir sur le concept de « Ce n’est pas pareil du tout »… C’est un peu comme de comparer du Bordeaux à du Bourgogne, peu importe qu’ils soient différents, pour autant qu’ils soient bons. Et une fois encore, c’est pas que bon, c’est meilleur… Allez zou, direction le disquaire…