Publié le 28 décembre 2010
Yann Perreau: certainement le plus extatique.
Photo : Jacques Grenier – Le Devoir
Les dix meilleurs spectacles québécois de 2010 – Cent ans et un seul Yann
Bien sûr, la fabuleuse bringue des Francos, Yann Perreau et ses amis les étoiles, est au sommet de ce palmarès. N’empêche, ma cime à moi, mon grand vertige, sans doute mon plus grand soir de chanson québécoise en vingt ans au Devoir, c’est le soir que le centenaire dudit Devoir a permis, que Pierre Beaulieu et moi avons fomenté, qu’avec Mouffe et Meissoon Azzaria et Lise Raymond et Monique Giroux et Julie Martel et plus de vingt artistes de toutes époques et allégeances nous avons présenté en novembre au Métropolis: le spectacle Le Devoir: 100 ans de chansons. Hors palmarès, mais tout près du cœur encore, et pour longtemps. Merci à tous. Gloire à Yann, maintenant.
1. Yann Perreau et ses amis les étoiles à la place des Festivals (FrancoFolies de Montréal). Son meilleur show à vie? C’est souvent son meilleur show à vie. Le plus extatique, certainement. Il était littéralement fou de joie, Yann Perreau, devant Jeanne-Mance bondée. Machine à danser, Yann Perreau, le dira-t-on assez? Rave à lui tout seul. Mais il n’était pas tout seul, justement. Et «ses amis les étoiles» n’étaient jamais de simples invités, mais de vrais de vrais copains de jeu, qui profitaient comme lui du grand carré de sable. Le plus formidable jeu de chaise musicale de l’histoire des Francos.
2. Plume Latraverse avec les Mauvais Compagnons All Dressed au Métropolis (FrancoFolies de Montréal). Plume était content, à sa manière pas souriante d’être content. Ça se voyait dans la mobilité elvissienne de la jambe, dans la jouissance manifeste à plaquer les riffs de rock’n’roll chuckberryiens sur sa guitare électrique. Ça se voyait dans les regards complices envoyés aux trois pros qui constituent avec l’as guitariste Jean-Claude Marsan et lui la nouvelle bande de Mauvais Compagnons. Plume était… comment dire? Rock’n’reconnaissant.
3. Donald Lautrec au Théâtre Maisonneuve de la PdA. Ça a démarré exactement comme il fallait. Alléluia (les fleurs du soleil), puissance dix. Derrière le chanteur, en projection, les danseuses à gogo d’époque se déhanchaient. C’était parfait. C’était le même Lautrec, électrisant et moustachu comme en 1970. À deux mois de fêter ses 70 ans, Lautrec aura accompli l’exploit: soutenir la comparaison avec le Lautrec d’avant. Splendeur et paix! Ouais!
4. Daniel Bélanger au Métropolis. C’était ce genre de spectacle qui ne vous laisse pas vraiment le choix: la musique en impose au corps. Les chansons, nouvelles et anciennes, avaient abdiqué leur indépendance pour suivre l’obsédant rythme, subjuguées, envoûtées, pour ne pas dire vaudouisées. C’était à ce point le groove d’abord que Bélanger en oubliait un peu de s’occuper des gens, au service lui aussi de sa transe intransigeante.
5. Claire Pelletier au Gesù. Le plein accomplissement. Il y avait tout Claire Pelletier dans ce spectacle, tout ce qu’elle était dans ses spectacles précédents, porteuse d’histoires, amoureuse de la terre et des mers, chanteuse au timbre d’exceptionnelle chaleur. Et plus. Une Claire de proximité, osant enfin s’approprier la scène et parler d’elle-même. Une Claire entière, radieuse, heureuse.
6. Paul Piché à la salle Wilfrid-Pelletier de la PdA. Voulait-on encore autant de lui, de ses convictions, de son rock nord-américain? Au premier accord de la troisième chanson, Wilfrid debout entonnait Y a pas grand-chose dans le ciel à soir. La salle était exaltée, la profession de foi envers le pays à venir bienvenue, la force de frappe des musiciens encore plus frappante qu’avant. On appelle ça un retour triomphal.
7. Toutes les filles au Cabaret du musée Juste pour rire (FrancoFolies de Montréal). C’était joie de les entendre harmoniser à deux, à trois, à six, égale félicité de les voir, Catherine Durand, Gaëlle, Ginette, Sylvie Paquette, Amélie Veille et Magnolia, sur la trop petite scène du bientôt défunt Cabaret, s’échangeant les instruments et les places dans une sorte de petit ballet délicat. Une pour toutes, et toutes pour une.
8. Diane Tell et Andrea Lindsay au Théâtre Maisonneuve de la PdA (FrancoFolies de Montréal). Dans la salle des premiers temps heureux, elle est revenue, chantant Boris Vian et quelques belles de la Diane d’avant. Jazzy cool, comme on l’aimait, comme on l’aime encore autant. La reprise de Gilberto était exquise, le duo avec Andrea Lindsay absolument gracieux. La tendresse de vraies retrouvailles.
9. Carte blanche à Renée Martel à la PdA (FrancoFolies de Montréal). Cela se sait un peu: j’aime Renée Martel d’amour. Mais je l’aime encore plus quand elle ose des choses. Ce soir-là, Catherine Durand et Mara Tremblay se sont amenées, et elles ont partagé la Complainte pour Sainte-Catherine des McGarrigle, en hommage à Kate. Et tout un monde de possibilités s’est ouvert. Bientôt la suite.
10. Jonathan Painchaud au Club Soda. C’est en spectacle que l’on comprend: ce gars-là est un film d’action avec du contenu: un Bruce Willis introspectif, un Stallone cohérent, un Buzz Lightyear à la rescousse. Du muscle, du coeur, et toute une mâchoire.
Ici : l’article publié sur le site Le Devoir.com
Ici : Lire la critique de Sylvain Cormier du concert de la PDA
Merci Sylvain !!! ça touche dans le mil !!!