Le Devoir – le 14 juin – Sylvain Cormier – critique du concert de la place des arts

Publié le 14 juin 2010

Une Diane Tell jazz – Chacune sa place

Le Devoir – Sylvain Cormier – le 14 juin 2010

Deux générations d’auteures-compositrices-interprètes se rencontraient hier sur la scène du théâtre Maisonneuve dans le cadre d’un programme double aussi inspiré que résolument doux: Andrea Lindsay, la jeune Ontarienne à la pop enchantée, et la pionnière Diane Tell, qui renouait avec le jazz de ses débuts et ses fans de toujours.

(photo : Jacques Grenier/Le Devoir)

«Celle-là, la dernière fois que je l’ai faite, c’était ici», a lâché Diane Tell comme on lâche un immense soupir de soulagement et de satisfaction à la fois. Radieuse, elle et son beau petit orchestre de jazz acoustique ont démarré Les trottoirs du boulevard Saint-Laurent. Swing leste, swing joyeux, c’était bonheur à vivre, mais il était grand temps que je parte. En retard, j’étais en retard, tellement en retard.

Tellement c’était bon. Tellement elle était bien avec nous et nous avec elle. Certains d’entre nous étaient d’ailleurs de retour, comme elle: à son appel aux anciens de son premier Maisonneuve, en 1980, des cris ont fusé. Des fidèles, des vrais. Prêts à la suivre où elle voudrait.

Et ce qu’elle demandait n’était pas rien: partager les trouvailles de son dernier album, ce Mister Boris & Mister Vian où elle ravive des standards américains tels qu’adaptés à la Vian par le grand Boris, belles oubliées de derrière les fagots, jamais enregistrées sauf une ou deux jusqu’à ce que Diane les déniche. Son spectacle d’hier à Maisonneuve, c’était ça pour l’essentiel: les onze titres de l’album et deux en plus. Sacré pari? Pas tant que ça. Diane Tell jazzy cool, c’est tellement elle, ça lui va si naturellement, c’est tellement la Diane Tell dont nous nous sommes d’abord entichés qu’on aurait dit la suite des premiers albums, avec trois décennies d’hiatus. Lectures plus que senties, plus que subtiles, des Moi sans toi, J’en ai marre de l’amour et autres Celui qui tient le monde dans ses mains («Ça, c’est pour ma maman!», a crié Diane avec le coeur sur la main).

Son retour au rappel, avec sa seule guitare, était souhaité, bienvenu et goûté, forcément, Gilberto était exquise, le duo avec Andrea Lindsay était absolument gracieux et harmonieux (sur Liaisons nombreuses, joli choix), et l’incontournable Si j’étais un homme n’a jamais été aussi brillamment jazzifiée, mais le spectacle était déjà une pleine réussite. Diane Tell était à sa place, sa meilleure place, dans sa «maison… neuve», comme elle a dit.

Bien assis pour Andrea, trop assis pour Emmanuelle

Les quinze minutes attrapées au vol de l’heure d’Andrea Lindsay disaient aussi ça: je suis à ma place sur cette grande scène. Charmante et adorable Andrea? Ça on savait, la grande classe aussi, mais on constatait en plus hier que sa voix et ses chansons se trouvent magnifiées dans un grand espace et des conditions idéales d’écoute. Merveilles que Les sentinelles dorment, Lune de papier, Le Dernier des cosmonautes, dans ce noble contexte. Véritable graduation pour l’Ontarienne.

Et Emmanuelle Seigner, plus tôt en soirée à la Cinquième salle de la même PdA? Bon show, à ne pas s’y tromper. Mais show rock quasi punk dans l’attitude, pas à sa place à la PdA, même pas dans le bon festival. À Pop Montréal, dans une boîte tout le monde debout, ses versions vitaminées de Dutronc et de Nico auraient cartonné. Hier, c’était un peu beaucoup raté. Erreur du lanceur.

Sylvain Cormier – Photo : Jacques Grenier

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PLUS PLUS – RETOUR SUR LES FRANCOS

Des chansons pour aller mieux

Sylvain Cormier 21 juin 2010  Musique
Ces Francos auront été les plus assises de ma carrière, sciatique oblige. Plus intérieures qu’extérieures, forcément. Ça n’a pas tout empêché, tant s’en faut. Entre les instants d’éternité et l’irritant bête, c’est la chanson qui l’a emporté. Échantillons.

– Le moment le plus Michel Latraverse dans le formidable spectacle rock’n’roll de Plume: Le cher homme se souhaitant également à lui-même une bonne santé (et non seulement à sa «gang de ciboires»). Longue vie!

– Le moment le plus simplement beau de ces Francos: Diane Tell et sa guitare acoustique renouant avec Gilberto et nous…….

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