Publié le 3 avril 2010
Photo : Pascal Bejean au studio SFR, février 2010(il n’était malheureusement pas à la FNAC)
Heureusement qu’Internet existe ! Depuis la sortie de l’album Docteur Boris & Mister Vian en novembre, aucun journaliste de la presse écrite traditionnelle (en kiosque) n’a jugé intéressant pour ses lecteurs de signaler l’existence de cet enregistrement.* J’ai fait une seule interview pour La Croix qui n’est pas parue à ce jour. La presse écrite traditionnelle est ….
… un entonnoir. Beaucoup de propositions, peu de sélectionnés et presque toujours les mêmes. Internet est ….
… une passoire. Tout y passe. Le bon, le mauvais, et tout – ce que la presse ignore.
Denis a signalé dans un commentaire le papier qui suit, anonyme** et publié sur le site Fnac Live. Merci l’auteur ! Vive Internet !
Docteur Diane et miss Tell : Vian et le jazz
30/03/2010
Est-il encore nécessaire de présenter Diane Tell ? Oui et non. Oui, parce que depuis quelques années la dame s’est faite assez discrète auprès du très grand public. Son dernier album en 2004, « Popeline », n’a pas été à la hauteur commerciale des succès du début. Non, parce qui peut oublier cette magnifique chanson, la plus belle chanson d’amour écrite et chantée par une femme, « Si j’étais un homme ». Qui peut oublier l’une des plus belles voix québécoises (et je dirais même francophones), ce timbre si unique qui est capable en quelques mots de vous coller des frissons et vous emporter très loin.
Diane Tell a poursuivi, à sa manière, la voie tracée par les Diane Dufresne en s’imposant dans un milieu assez masculin. Au contraire de Diane Dufresne, elle est, dès ses premiers titres en 1977, auteure, compositeur et interprète dans un monde où les femmes ne sont bien souvent qu’interprètes. Diane Tell a ouvert la voie aux Lynda Lemay, Ariane Moffatt …
Aujourd’hui, Diane, la plus française des québécoises, revient avec un album « Docteur Boris et Mister Vian ». Comme son titre l’indique, cet album est consacré à Boris Vian. Ces derniers mois, de nombreux hommages ont été consacrés à celui qui a fait connaître le jazz en France. Dans ce foisonnement, l’hommage de Diane Tell est original. En effet, Diane Tell a déniché des titres moins connus du grand public et reprend des standards de jazz que Boris Vian avait traduit en français. Alors que Diane Tell voyageait plutôt dans des univers musicaux entre chanson et pop, cette incursion dans le jazz va peut-être en surprendre quelques uns. Pas ceux qui la connaissent bien car Diane est, d’une part, capable de tout chanter vocalement mais aussi et surtout parce que dès les débuts, le principal point fort des albums de Diane Tell, c’est la qualité des arrangements et leur raffinement musical. Si on enlève les synthés typiquement années 80, Diane Tell flirte déjà avec le jazz. Sur l’album « Chimères », en 1982, on retrouve ni plus ni moins, le grand Michel Cusson du groupe « Uzeb ». Cet album, ce n’est pas seulement un hommage à Boris Vian, c’est un hommage, une célébration à ce jazz qui fait partie de la vie de Diane depuis toujours.
Dans ce nouvel album, on vogue au gré de ballades jazzy ou d’envolées swing. Je préfère les deuxièmes car plus gaies mais c’est un goût tout à fait personnel. On a plaisir à retrouver la grâce et la finesse de Diane ; celles-là même qui nous avaient séduites dans les années 80 et qui ne se sont pas estompées, bien au contraire. Celles et ceux qui ont eu le plaisir de voir Diane sur scène avec ces chansons, ils vous diront combien la passion, la sincérité et la générosité animent cette artiste.
Dans la vie, on n’est sûre de rien mais il est fort à penser que de là-haut, Boris Vian est heureux de voir s’ajouter une nouvelle interprète à son répertoire.
* L’exception qui confirme la règle, un mot dans Femme actuelle
** Emmanuelle est l’auteur de ce texte et d’autres textes sur la culture québécoise.