Critique : Le divan du monde – Laurent de Wilde et Diane Tell

Publié le 13 juin 2009

09/06/2009
Laurent de Wilde et Diane Tell sur les traces de Boris Vian

Le 29 mai 2009, Laurent de Wilde invitait Diane Tell au Divan du monde (Paris) pour un hommage rebondissant à Boris Vian…

Belle avant-première au Divan du Monde. Fin mai, dans le cadre de sa résidence mensuelle, le pianiste Laurent de Wilde a présenté en exclusivité des oeuvres inédites de Boris Vian, enregistrées en début d’année avec Diane Tell et rassemblées dans un album qui paraîtra prochainement dans les bacs.

Pour cette soirée 100% Saint-Germain-des-Près, Laurent de Wilde est tout de suite entré dans le vif du sujet. Après deux titres instrumentaux, dont une retentissante « java des bombes atomiques », Diane Tell a rejoint le quartet du plus français des pianistes américains. Accompagnés de Christian Brun à la guitare, de Bruno Rousselet *à la contrebasse et de Laurent Robin à la batterie – aucune trompette n’était à l’honneur -, les deux complices alternent entre jazz de haute voltige, poésie explosive et moments de culture avec le public. Diane Tell pose elle-même le débat avec humour: « Ce soir je ne chanterai pas « Si j’étais un homme » et il ne jouera pas « Monk » » .

Chaque série de chanson est ponctuée de petits moments de cette vie que Vian a embrassée avec furie; on y découvre un peu d’intimité, un peu de rire et beaucoup d’amour des mots. Diane Tell se permet même une double traduction (littérale celle-ci) des paroles du standard « Deed I do ». Le texte original se résume après relecture à quatre lignes d’une mièvrerie fascinante et désuète. Diane Tell nous livre ensuite avec les cinq virtuoses la version revue et largement corrigée du poète: « Moi sans toi ». Le texte de Vian s’impose, d’une complexité foudroyante, transformant le « prétexte » vocal et léger de la version originale en colonne vertébrale de la chanson.


Dans une période couvrant les années 20 à 50, la traversée de la rive gauche réalisée par le tandem de Wilde/Tell est digne du guide de Saint-Germain-des-Près que Vian avait écrit: les titres se succèdent, intemporels, interprétés avec modernisme et respect par des musiciens dont le plaisir est évident et transmissible. Au cours d’un solo de Christian Brun, Diane Tell s’approche et porte son micro vers la bouche du guitariste le temps d’un scat improvisé. Laurent de Wilde d’une levée de la main rajoute des mesures aux chorus en fonction de l’envie du moment et la section rythmique échange des patterns définitivement dansants et chaloupés.

C’est donc une soirée placée sous le signe de la poésie bien sûr mais avant tout de l’amour du jazz, en ses formes les plus riches. Le public est à l’image de cette musique: tous les âges se côtoient, démontrant une fois encore qu’il est des auteurs hors du temps et des frontières culturelles. Pari réussi pour Laurent de Wilde et Diane Tell, artistes interprètes mais libres d’une musique qui ne connaît pas de barrière.

J-L P
© 2009 Concert Live Publishing. Toute reproduction interdite même partielle sans autorisation

N.B. Nous avons tenter de joindre le site pour demander l’autorisation de reproduire mais les liens ne fonctionnaient pas. Merci à Nadine pour l’info qu’elle a fait passer et merci à Monsieur Parot pour son autorisation présumée et l’article qu’il a publié. N’hésitez pas à nous contacter si problèmes.

*indique que nous avons effectué une correction.

Laurent De Wilde et Diane Tell rendent hommage à Boris Vian au Divan du Monde à Paris. Photos JL Parot pour Concertlive.fr. 2009

http://www.concertlive.fr