Boris Vian à la une !

Publié le 8 avril 2009

A l’aéroport CDG de Paris terminal F2 quelques minutes avant de m’envoler pour Tokyo

« Boris Vian était-il juste un jeune «branché» de l’époque, qui s’empare de toutes les nouvelles modes?
C’est plus qu’un branché, puisque c’est lui qui provoque les modes. Mais il a loupé la vogue rock. Il l’a parodiée sans voir que ça allait prendre. Pour lui, c’était du jazz détourné. Il refuse la musique bi-naire. Cela fait encore partie de la démarche pataphysique: derrière l’aspect fantaisiste, il y a la philosophie intéressante de l’équivalence des contraires. Une voie entre le noir et le blanc, avec une intention scientifique. » François Roulmann.

J’ai acheté « Lire » d’Avril à l’aéroport attirée par Boris Vian en couverture. Le premier dossier (14 pages) consacré à Vian à ma connaissance. Je vous le recommande. C’est en kiosque et en ligne… à la page 38, un plan du Saint Germain des Prés de Vian… pile poil au centre du quartier, la rue de Seine. Le studio où nous avons enregistré l’album s’y trouve. C’était fait exprès !!! Sans blague. C’est Laurent de Wilde qui a choisi le studio que je ne connaissais pas. Mais l’idée d’enregistrer à Paris, dans le 6ème m’a plu tout de suite. Le magazine Elle de cette semaine consacre 2 pages au Jazz !!! On aura tout vu ! Mais pas encore tout entendu puisque pour l’instant à part nous, qui sait que l’album que nous produisons actuellement existe et va bientôt sortir…

Le titre : « Boris Vian, le jazz et moi »

Date de sortie mondiale : le 23 juin 2009 ? Juste avant la St-Jean… allez on y croit !

P.S. J’ai fait un excellent voyage… Merci Air France. Thanks Laurence, Richard, Eric, Isabelle, Sophie et Pascal… Ils se sont bien occupés de moi !!!

Extrait :

Les miscellanées de monsieur Vian

par Tristan Savin, Jérôme Dupuis,
Lire, avril 2009

De ses romans préférés aux Hommes de fer, d’Albert Camus à Merleau-Ponty, de ses voitures à ses pseudonymes, voici un aperçu de l’univers aussi riche que méconnu de ce touche-à-tout de génie.

Romans préférés
Adolphe de Benjamin Constant, La colonie pénitentiaire de Franz Kafka, Gestes et opinions du docteur Faustroll, pataphysicien d’Alfred Jarry, Pylône de William Faulkner.

Tube
C’est Boris Vian qui, lors d’une réunion chez Philips, en 1957, a proposé de substituer au mot «saucisson», qui désignait alors un succès en variétés, celui de «tube». Il s’est largement imposé depuis.

Camus
Lors d’une surprise-partie arrosée, organisée chez Boris Vian, rue du Faubourg-Poissonnière, le 12 décembre 1946, à laquelle participaient aussi Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir, Maurice Merleau-Ponty et Albert Camus faillirent en venir aux mains… Objet de la querelle: l’article «Le yogi et le prolétaire» signé par Merleau-Ponty…

Voitures successivement possédées par Boris Vian
BMW 6 cylindres, Panhard X 77 panoramique, Austin-Healey, Morgan décapotable, Brasier 1911.

Duchesse de Bovouard
Boris Vian fut le conseiller de Simone de Beauvoir lorsqu’elle se constitua sa discothèque de jazz.

L’arrache-coeur
Les premiers titres prévus pour L’arrache-coeur étaient Les fillettes de la reine et Maman Gâteau…

Ascenseur pour l’échafaud
Sans Boris Vian, Miles Davis n’aurait peut-être jamais fait la musique d’Ascenseur pour l’échafaud. C’est Vian qui a aidé Louis Malle à convaincre le trompettiste. Directeur artistique adjoint de Philips, l’écrivain assiste à la mémorable séance d’enregistrement du 4 décembre 1957, au studio du Poste parisien. Jeanne Moreau accueille les musiciens dans un bar improvisé et les images du film défilent pendant les prises. «Un fragment de peau se détacha à un moment de la lèvre de Miles pour se coincer dans l’embouchure. Pareil à ces peintres qui doivent parfois au hasard la qualité plastique de leur pâte, Miles accueillit volontiers ce nouvel élément d’un jeu « inouï »», se souviendra Vian.

Principaux pseudonymes
Hugo Hachebuisson (en hommage à Hugo Hackenbush, personnage de Groucho Marx dans Un jour aux courses), Bison Ravi (anagramme de Boris Vian), Agénor Bouillon, S. Culape, Adolphe Schmürz, Boriso Viana, Gédéon Molle…

On est toujours trop bon avec les femmes
Tel était le titre du brûlot que Boris Vian et Raymond Queneau devaient écrire sous le pseudonyme commun de Michel Presle.

Son oeuvre de traducteur
La dame du lac et Le grand sommeil de Raymond Chandler, Les femmes s’en balancent de Peter Cheyney, Le bluffeur de James Cain, Mademoiselle Julie d’August Strindberg, L’homme au bras d’or de Nelson Algren, Tout smouales étaient les borogoves de Lewis Padgett, Le veldt dans la nursery de Ray Bradbury…

Trois opéras
Vian a écrit trois opéras: Le chevalier de neige (musique de Georges Delerue), Fiesta (musique de Darius Milhaud) et Arne Saknussem ou Une regrettable histoire (musique de Georges Delerue).

L’Horrore et Le Figarrot
Boris Vian fut le précurseur – peu connu – des détournements de presse. En 1953, il se lance dans un projet de revue de SF: Mars ou crève. En 1955, sa pièce Dernière heure donne lieu à quantité de revues d’anticipation, dont les unes décorent le théâtre de l’Amiral: Le Monde renversé, Lune matin, L’Horrore, Il scie Paris, Combat douteux, Le Parisien délibéré, Le Figarrot et l’inénarrable Franche Démence. Vian s’en donne à coeur joie dans les titres: «Encore les robots assassins», «Les champigons lunaires sont dégeulasses» ou, assez prémonitoire: «La banque de France dépose son bilan à la Caisse d’épargne»… Vian, serait-il l’inspirateur du groupe Jalons, connu pour ses célèbres pastiches (Le Monstre et autres Loup-Garou Magazine)?

Inventeur du rock’n’roll en France?
En 1956, Vian produit pour Philips, avec son complice Henri Salvador, un disque quatre titres parodiant les futurs classiques du rock’n’roll, grâce aux nouveautés rapportées des USA par Michel Legrand. Sous les pseudonymes d’Henry Cording, le «Elvis Presley français» (musique), et de Vernon Sinclair (textes), la farce leur permet de moquer la naïveté des textes avec des titres comme «Rock and Roll Mops», «Dis-moi que tu m’aimes, rock» et «Va te faire cuire un oeuf, man».

Le peintre
Boris Vian n’était pas seulement romancier, trompettiste ou auteur de chansons et d’opéras, organisateur de surprises-parties. A ses (rares) heures perdues, il s’est aussi adonné à la peinture. On ne connaît que cinq tableaux de lui, inspirés des surréalistes (De Chirico ou Dalí). Ils sont tous restés accrochés sur les murs de son appartement de la cité Véron, sauf Les hommes de fer (voir ci-contre), une huile (60 x 40 cm), conservé dans une collection particulière.

Très joli terminal dans cette lumière !