Publié le 15 mars 2014
(photo : en concert avec le Quatuor Hermès et Vincent Rehel à Hirson le 22 février 2014)
Avec Diane Tell et une fondue aux truffes
Sion, Suisse – Le 11 mars 2014 – par Stéphane Riand
Savourer une fondue aux truffes avec Diane Tell, c’est parcourir un bout de vie au-delà du temps, c’est être présent à ce moment de l’histoire d’aujourd’hui où celle qui nous a fait tous frémir avec « Si j’étais un homme » est en partance, de Biarritz vers un ailleurs improbable mais déjà si présent. Avec, à l’évidence, chevillés au corps, la musique et les livres. Et la surprise de découvrir au contour d’une phrase que l’artiste a le désir de tenter l’aventure des théâtres nationaux avec ce merveilleux quartet qu’est Hermès (ne manquez pas Qui de Charles Aznavour !). Proposer au public cette petite différence, dans les mots, le ton, le timbre, avec toujours en point de références des rencontres qui peuvent, on veut le croire, bouleverser parfois des vies.
Et on devine qu’à travers un artisanat maîtrisé, entre la photographie, la caméra (c’est une fan de cinéma russe et du Big Lebowski dont elle connaît les répliques par cœur en anglais), la musique et les mots, coule une solitude assumée, on a envie de dire partagée, qui provoque cette infinie nostalgie, faite de tendresse, de douceur et d’écoute. Avoir chanté dans la rue dès son adolescence, avoir assumé son destin (d’Américaine francophone !) et croire qu’avec les lettres on peut encore « être amoureuse » et « tenir le monde dans ses mains », ça fait un petit être formé de quelques petits riens nous emmenant sans forcer dans un « voyage au paradis » (in : Docteur Boris & Mister Vian).
Pour pouvoir chanter une chanson, Diane Tell est capable, dit-elle, de faire la grève de la faim (NF du 3 mai 2003).
Chantant, Diane Tell dit que la musique, c’est une affaire d’intime, une intimité à partager, une intimité secrète, discrète, une sorte de reflet de l’âme jeté vers l’autre dans ce malentendu infini qui fait le charme de l’existence. Et pour expliquer que rien ne change, point de philosophie, juste une évidence : « Oui, d’une certaine façon, la forme change, mais quand on tombe amoureux, on tombe amoureux, basta ! ».
Le 27 août 2010, Diane Tell disait au NF qu’il fallait savoir « s’extraire de la facilité pour se lancer dans des projets différents ». En réinterprétant en 2009 Boris Vian et ses chansons jazzy, la Québécoise avait tracé un chemin différent. Aujourd’hui avec « Une »,elle s’invite du regard, telle une femme qui se glisse « du côté de l’ivresse » (elle aime le vin de chez nous). Diane Tell se fait « une » pour nous tous, elle se mêle au vent, avec « l’incertitude d’aimer ». Elle s’approche pour « tenter le hasard ». Une femme triste « se change en déesse » et « une pluie fine se mêle au vent ».
Diane Tell chante l’amour dans le désert des Bardenas.
A lire sur le blogue de Stéphane Riand sur Mediapart ou sur L’1dex!