Publié le 6 février 2010
PLATINE # 167 Janvier 2010
« Docteur Boris et Mister Vian »
Surprise du mois ***
Voir aussi : notes de bas de page
Depuis l’échec de son dernier album « Popeline » et son divorce d’avec Sony Music, on désespérait *1 de voir la jolie Québécoise revenir un jour à la chanson. D’autant plus qu’entre-temps, non contente d’être tombée en amour avec le pays basque depuis une quinzaine d’années (de la petite ville d’Anglet plus précisément, et comme on la comprend !) *2 la belle provinciale s’est mariée avec l’épicier du coin (de luxe tout de même) *3.
Heureusement, le feu sacré n’a pas tardé à venir réveiller ses délicieux démons en la propulsant en 2008 sur la scène de la comédie musicale écrite par son ami Laurent Ruquier et consacrée à l’œuvre de Charles Aznavour, « J’me voyais déjà » *4, un genre qu’elle est une des rares à avoir déjà largement exploré dans le passé avec « La légende de Jimmy », puis « Marylin Montreuil », deux spectacles ayant hélas laissé peu de traces. *5
C’est aujourd’hui à l’œuvre de Boris Vian qu’elle s’attaque, mais de façon élitiste et originale, puisqu’elle a choisi d’aller dénicher des textes inédits du touche-à-tout si emblématique du Paris bohème de l’après-guerre, que celui-ci avait écrit en Français sur les meilleurs standards américains. Et comme elle a eu raison, car force est de reconnaître que « Le déserteur », « J’suis snob » et autre « Fais-moi mal, Johnny » ont été largement repris et souvent massacrés ces derniers temps. Pour ce faire, elle s’est entourée d’excellents musiciens de Jazz comme Laurent de Wilde (direction musicale, piano), Christian Brun (guitare), Darryl Hall (contrebasse) et Laurent Robin (Batterie), rassemblés avec l’ingénieur du son Goh Hotoda au studio l’Acousti à Saint-Germain des Prés *6.
L’ensemble est particulièrement réussi, sans doute parce que dotée d’une double culture, francophone et anglo-saxonne, Diane arrive à faire sonner et swinguer les mots de Vian comme peu d’artistes y sont parvenus, tout en y apportant une étonnante et inattendue touche féminine. En témoignent de vrais petits bijoux de nonchalance Jazzy chantés d’une voix amie presque parfaite et découverts en avant-première lors de son concert unique au Petit Saint-Martin le 16 novembre dernier *7, comme « J’voudrais encore être amoureuse », Rue d’la flemme », « J’en ai marre de l’amour », « Moi sans toi »*8 et surtout l’irrésistible « Toi qui a pris mon cœur ».
Au final, si on ne peut que s’incliner devant tant de bon goût et de finesse musicale, permettez qu’on regrette le peu d’efficacité de la pochette en ces temps difficiles, et surtout que ce CD arrive carrément après la bataille, l’année 2009 ayant été très riche en célébrations en touts genres (et plus ou moins convaincantes…), du génie de Vian. (E.C.)
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* 1 -Echec, divorce, désespoir… Le papier commence mal, quelle introduction ! Un peu comme si on abordait quelqu’un en lui disant… « Salut, ça va depuis ton cancer et ton divorce ? » ! Mais bon, ce n’est pas faux, commercialement, Popeline tout comme le précédent album Désir Plaisir Soupir n’ont pas reçu le moindre soutien des médias en France et les ventes furent médiocres mais un échec commercial n’est pas forcément un échec artistique.
Pas de divorce avec Sony, mais une collaboration sans procès ni pression, nous travaillons toujours ensemble sur les rééditions de mes précédents albums du premier à Popeline. 2 coffrets viennent de sortir et j’ai supervisé avec l’équipe du spécial marketing les 2 projets. En même temps, les fusions, la chute des ventes de disques, les camions de mises à pied, chez Sony comme ailleurs, sont fort regrettables. Dans cette maison, je suis dans la catégorie des artistes disparus !!! Petit plus, comme je le disais à Christophe Hondelatte sur RTL cette semaine, j’ai toujours été libre artistiquement même signée par un Label de Major. On peut reprocher beaucoup de choses au système instauré par les multinationales mais dans mon cas, pas d’obligation d’enregistrer quoi que ce soit de quelque manière que ce soit.
*2 J’habite Biarritz et non Anglet depuis 6 ans et le pays basque depuis 1988 (22 ans).
*3 Ici on ne dit pas épicerie de luxe mais épicerie fine lorsqu’il s’agit de la plus ancienne épicerie de France dans la même famille…. Ok, là j’exagère un peu, je reconnais que je profite de l’occasion pour donner l’adresse internet du nouveau site de La maison Arostéguy…réalisée par mon fidèle collaborateur Jean Pierre chez Rezo21.
*4 Le titre de la pièce est Je’m voyais déjà et non J’me voyais déjà comme indiqué sur la pochette du DVD visible sur la même page et dont platine fait la critique toujours sur la même page. E.C. en profite pour écrire dans cet autre article :…Véronique Rivière, ayant remplacé au pied levé une Diane Tell déclarant forfait pour cause de relations conflictuelles avec la troupe (EC). Voilà une bien croustillante et fausse information. Mes relations avec la troupe étaient excellentes, nous sommes toujours en contact et gardons un très bon souvenir de cette collaboration. Y’a qu’à leur demander…
*5 C’est peut-être vrai pour Marilyn Montreuil que nous avons tout de même joué 180 fois mais pour La légende de Jimmy, il me semble que cette chanson ait laissé quelques traces.
*6 L’ingénieur du son qui a réalisé les prises s’appelle Alain Cluzeau, le studio Acousti c’est lui, il en est l’âme et le patron. Quant à Goh Hotoda, il a mixé l’album au Japon à quelques milliers de kilomètres de St-Germain des Prés. Tout ça, et bien c’est écrit dans le livret de la pochette.
*7 Le concert eut lieu le 30 novembre et non le 16…
*8 Je n’ai pas chanté « Moi sans toi ». Faut dire qu’avec des titres comme « Lui toi et moi », « Moi sans toi », même moi je m’y perds !
Toutes ces petites erreurs n’ont pas tellement d’importance en soit mais ces articles sont repris, les erreurs en particulier par je ne sais quel mystère et finissent sur Wikipedia, tellement plus pratique pour les journalistes, ils tournent en boucle sur le net, puis sont cités ici et là dans tous les journaux… EX très récent : Le Nord Eclair, quotidien traditionnel très sérieux de province, en rajoute une couche dans une interview de Véronique Rivière : V.R. « À la fin de la période du Gymnase à Paris, il y a eu une prolongation prévue au Comédia. Diane Tell n’a pas voulu la faire (elle a plus précisément été remerciée par la production pour incompatibilité d’humeur, ndlr) et je suis venue passer des auditions pour la remplacer. » Véronique n’a pas dit que j’avais été remerciée, c’est le bien informé ndlr (note de la rédaction) qui répète cette fausse info qu’on aura vite fait d’attribuer à Véronique.
Pour en finir avec le sujet – Je’m voyais déjà. J’ai choisi il y a un an de ne pas m’exprimer sur les raisons de mon départ volontaire car la pièce allait reprendre et partir en tournée. J’ai beaucoup d’amitié pour cette troupe, du respect pour monsieur Aznavour, de l’amour pour l’ami Laurent et j’espérais sincèrement que l’arrivée d’une nouvelle comédienne allait servir le spectacle. C’est très commun de remplacer un comédien par un autre pour une reprise, une tournée. Ce n’est ni rare, ni grave. Depuis, la production ou je ne sais quelle personne de l’entourage de la famille Aznavour a choisi de communiquer de son côté une version totalement inexacte et peu flatteuse pour moi des raisons de ce départ. Je ne commente pas les bêtises que j’ai pu lire sur le sujet en France comme à Montréal mais je tiens à dire qu’on ne m’a jamais interrogée sur la question. Aucun journaliste n’a jugé nécessaire de vérifier l’information ou contredire les dires de la prod. Ce n’est pas une question importante, passer pour une emmerdeuse ça protège…Même reproduite 100 fois, une fausse rumeur reste 100% fausse.